Philippe Busquin: Un nouvel élan au projet d'Espace Européen de la Recherche, Présentation de l'Association Leibniz Bruxelles, le 1er octobre 2002

十月 3, 2002

Bruxelles, le 1er octobre 2002

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Avant tout, permettez-moi de souhaiter la bienvenue à Bruxelles aux représentants de l'Association Leibniz.

Je voudrais aussi féliciter l'Association, et son Président Hans-Olaf Henkel, d'avoir pris l'initiative de cette présentation ici à Bruxelles.

J'interprète cette initiative avant tout comme un signe positif et constructif à mon objectif politique de créer un Espace Européen de la Recherche. Ceci prouve que l'idée détermine et oriente déjà fortement le comportement des acteurs et des opérateurs de la recherche en Europe, et ceci est de première importance.

Mais le concept de l'Espace Européen de la Recherche n'est pas encore une réalité. La construction de l'Europe de la recherche, ce n'est pas seulement l'affaire de l'Union européenne et de la Commission, mais c'est l'affaire de toutes les parties prenantes à l'effort scientifique et technologique en Europe, au premier rang desquelles figurent les grandes organisations nationales de recherche.

Cette présentation n'est pas seulement bienvenue de manière générale. Elle intervient aussi à un moment particulièrement opportun. Elle a en effet lieu le jour après l'adoption formelle, par le Conseil des Ministres, des « programmes spécifiques »: le sixième Programme-Cadre peut enfin démarrer !

Mais comme vous savez, mon ambition ne se limite pas à un programme-cadre.

Je voudrais donc profiter de l'occasion ce soir pour partager avec vous quelques-unes de mes idées sur la façon de concrétiser davantage cet Espace Européen de la Recherche, et

Pour vous indiquer la manière dont je vois le rôle et la place d'une organisation comme l'Association Leibniz dans ce contexte.

L'Espace Européen de la Recherche: un rappel

L'Espace Européen de la Recherche est le produit de deux composantes:

  • Premièrement, un "marché intérieur" de la recherche et de la technologie en Europe, où les connaissances, les chercheurs et les technologies circulent librement par-delà les frontières. Avec pour effet une meilleure allocation des ressources, mais aussi un renforcement de l'excellence, grâce à davantage de coopération, et plus de compétition;

  • Deuxièmement, le produit et le cadre, simultanément, d'une réelle coordination des politiques nationales de recherche. Celle-ci est indispensable, puisque c'est au niveau national qu'est aujourd'hui exécutée et financée la plus grande partie des activités de recherche en Europe.
Depuis qu'il a été lancé au Conseil européen de Lisbonne au mois de mars 2000, le projet d'Espace Européen de la Recherche a donné lieu à des développements sur au moins trois plans différents:
  • Premièrement, l'ouverture de plusieurs "grands chantiers" correspondant aux différentes composantes et dimensions de l'Espace Européen de la Recherche: je pense notamment à la mobilité des chercheurs, aux infrastructures de recherche et au benchmarking des politiques nationales et régionales de recherche. Ils impliquent en premier lieu, mais certainement pas uniquement, les administrations nationales de la recherche.

  • Deuxièmement, une restructuration en profondeur du Programme-Cadre de recherche de l'Union, défini spécifiquement comme un outil de réalisation de l'Espace Européen de la Recherche.

  • Enfin, toute une série d'initiatives spontanées des acteurs de la recherche en Europe: intégration des objectifs de l'Espace Européen de la Recherche dans les programmes d'activités des organisations nationales; multiplication des accords bilatéraux et multilatéraux (sous la forme, notamment de Laboratoires Européens Associés).
Je reviendrai tout à l'heure sur ce point, c'est largement en relation avec lui qu'une rencontre comme celle d'aujourd'hui prend son sens.

Les développements en cours

Mais j'ai parlé de développements importants. Quels sont-ils?

    Le démarrage du sixième Programme-Cadre
Pas plus tard qu'hier, le Conseil des Ministres a adopté les "programmes spécifiques" qui le mettent en oeuvre.

Au mois de mars, des appels à manifestations d'intérêt avaient toutefois déjà été lancés, auxquels, notamment, des instituts de l'Association Leibniz ont répondu.

Je vous rappelle les points-clés de ce nouveau Programme-Cadre, qui devraient aussi être des points d'intérêt particulier pour l'Association Leibniz, compte tenu de ses caractéristiques:

  • de nouveaux instruments ayant un effet structurant sur la recherche européenne, notamment parce qu'ils permettent de rassembler des masses critiques de ressources: les "réseaux d'excellence", pour faire progresser les connaissances par l'intégration des capacités existant en Europe, et les "projets intégrés", menés en vue de résultats bien définis, largement basés sur la collaboration avec l'industrie;

  • le quasi doublement des moyens pour le soutien à la mobilité des chercheurs, et le renforcement du soutien aux infrastructures de recherche, y compris les réseaux électroniques;

  • 180 millions d'Euros pour la mise en réseaux et l'ouverture mutuelle des programmes nationaux de recherche: j'attache personnellement beaucoup d'importance à cet instrument.
Un nouvel élan au projet d'Espace Européen de la Recherche

Trente mois après son lancement, il apparaît nécessaire de faire le point sur sa mise en oeuvre.

Pour l'essentiel, et permettez-moi d'être franc et direct avec vous: l'engagement des Etats membres et des administrations nationales est trop faible ou trop superficiel.

Sur la base d'un bilan détaillé, la Commission va donc prochainement présenter des propositions pour donner un nouvel élan à l'entreprise de création de l'Espace Européen de la Recherche.

Notamment en lui conférant des moyens plus puissants pour arriver à une véritable coordination des activités et des politiques nationales.

Accroître l'effort européen de recherche

Une meilleure coordination des efforts de recherche entrepris en Europe et une amélioration de leur efficacité sont des conditions nécessaires, mais elles ne représentent pas une condition suffisante.

Si l'Europe veut vraiment devenir, comme elle s'en est fixé l'objectif à Lisbonne, "l'économie de la connaissance la plus compétitive et dynamique au monde" d'ici 2010, elle doit aussi, tout simplement, augmenter ses moyens financiers dans ce domaine.

C'est un point sur lequel le président Henkel a, à plusieurs reprises déjà, attiré l'attention et insisté. Je continue à compter sur ses efforts.

Car, on ne peut pas assez le répéter: l'écart des efforts en investissements recherche entre l'Europe, les Etats-Unis et le Japon, interpelle. L'Europe affecte aujourd'hui 1, 9% seulement de son PIB à la recherche, quand les efforts de ses concurrents ne cessent d'augmenter: 2, 7% du PIB pour les Etats-Unis aujourd'hui et 3% pour le Japon.

C'est pourquoi, je salue l'engagement pris par les Chefs d'Etats au Conseil européen de Barcelone de porter l'effort de recherche aussi près que possible de 3% de leur PIB d'ici 2010, l'essentiel de l'augmentation venant d'un accroissement des investissements privés.

Comment y arriver? Une chose est claire: ici aussi, l'effort doit venir des deux côtés: privés et publics. La Commission vient de présenter une série d'idées à ce sujet, plus exactement sur les moyens de stimuler le secteur privé à investir plus en recherche.

A côté de la mobilisation de mécanismes fiscaux, il s'agit aussi de créer un cadre favorable et propice en matière, par exemple, de propriété intellectuelle, de ressources humaines, d'accès aux connaissances fondamentales, etc.

Sur le dernier point plus particulièrement, les organisations nationales de recherche sont, bien sûr, directement concernées.

Les Universités dans l'Europe de la connaissance

Une troisième série de développements est liée au thème de l'Europe de la connaissance et à la question du rôle, dans celle-ci, des universités.

Dans l'économie et la société de la connaissance, les universités jouent un rôle-clé, du fait de leur fonction en matière de recherche et d'enseignement, ainsi que de leur place de plus en plus importante dans le processus d'innovation technologique.

Comment donner aux universités européennes le moyen de jouer pleinement ce rôle, à la manière dont le jouent les cinquante universités américaines de haut niveau qui comptent en matière de recherche?

Il y a là une réflexion à mener, sur une question encore mal maîtrisée, et un débat à avoir au sein de la communauté universitaire, mais aussi au-delà.

Ici aussi, c'est un sujet d'intérêt immédiat pour les organisations nationales de recherche, spécialement celles qui travaillent en collaboration étroite et continue avec les universités, comme c'est le cas de l'Association Leibniz.

L'Association Leibniz dans l'Espace Européen de la Recherche et le sixième Programme-Cadre

A plusieurs reprises, j'ai souligné l'intérêt des développements en cours en matière de recherche et de politique de recherche au niveau européen pour une organisation comme l'Association Leibniz.

C'est un intérêt qui joue en vérité dans les deux sens. Votre organisation peut particulièrement bénéficier du sixième Programme-Cadre et de la mise en oeuvre du projet d'Espace Européen de la Recherche. Mais elle peut aussi leur apporter beaucoup en retour.

Je pense notamment à:

  • L'enracinement régional de beaucoup des instituts dont elle est composée, avec ce que cela implique en matière de proximité à l'innovation;

  • Le fait que ses activités se situent largement à la jonction de la recherche fondamentale et des applications;

  • Ses liens avec à la fois l'industrie et le monde académique.
J'ajouterai: l'expérience qu'a une partie importante des membres de Leibniz, suite à la réunification, de ce qu'implique l'ajustement à un nouvel environnement. De cette expérience, beaucoup de leurs partenaires pourraient tirer bénéfice.

Je viens de parler de partenaires. Tel est en effet pour moi l'enjeu essentiel d'une rencontre comme celle d'aujourd'hui.

Bien sûr, il est important pour l'Association Leibniz de se faire mieux connaître des autorités communautaires, des responsables du Programme-Cadre et des ingénieurs de l'Espace Européen de la Recherche.

Mais il est encore plus important pour elle, de familiariser, avec les activités de ses instituts, les autres organisations publiques de recherche et les entreprises des autres Etats membres de l'Union.

Comme d'ailleurs les pays candidats, qui sont pleinement associés à l'ensemble des activités de l'Espace Européen de la Recherche et au Programme-Cadre.

Je suis convaincu que cette soirée amorcera, de ce point de vue, un processus conduisant l'Association Leibniz à jouer un rôle significatif au coeur du projet d'Espace Européen de la Recherche.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Philosophe et mathématicien, mais aussi juriste et historien, versé dans les sciences politiques et la diplomatie, Gottfried Wilhem Leibniz était un esprit encyclopédique. Mais c'était avant tout un esprit naturellement européen.

Et c'est de manière particulièrement méritée qu'il figure au nombre des savants d'autres pays européens que Bernard de Fontenelle, alors secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, en un geste annonçant, deux siècles et demi à l'avance, cette Europe de la recherche que nous cherchons aujourd'hui à construire, avait choisi d'inclure dans ses "Eloges des savants".

Je ne doute pas que l'association qui porte son nom se montrera au moins aussi européenne que lui.

DN: SPEECH/02/445 Date: 02/10/2002

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