Philippe Busquin: Les dernières statistiques de la science et de la technologie doivent pousser l'Europe à réagir, Conférence de presse

十一月 26, 2003

Conférence de presse "Présentation des Chiffres Clés 2003

J'ai le grand plaisir de vous présenter aujourd'hui deux nouvelles publications de mes services sur les performances de l'Union Européenne et ses États Membres en matière de recherche et d'innovation, à savoir:

Les 'Chiffres clés 2003-2004', qui fournissent sous forme condensée une actualisation des principaux indicateurs sur la recherche en Europe, et

Une étude sur la 'fuite des cerveaux et la mobilité des chercheurs', qui analyse en profondeur la mobilité des chercheurs dans, vers et au départ de l'Union Européenne. Je ne présenterai que brièvement cette étude, puisque nous avons aujourd'hui les auteurs parmi nous.

Ces deux publications reprennent les statistiques et analyses les plus récentes et les plus complètes sur l'Union Européenne et ses États Membres, ainsi que des comparaisons avec les pays concurrents tels que le Japon ou les États-Unis.

Beaucoup des chiffres des "Chiffres clés" datent de 2001, ce sont les données officielles les plus récentes. Mais les indications dont nous disposons pour les années 2002 et 2003, telles que les déclarations des entreprises et les budgets des Etats, suggèrent que les tendances mises en évidence dans les Chiffres clés restent valables dans l'ensemble.

De plus, les Chiffres-clés livrent pour la première fois de manière systématique les statistiques sur les investissements et performances des pays en voie d'adhésion et candidats. Ce sont des données importantes à six mois de l'élargissement. De même, l'étude sur la fuite des cerveaux contient une analyse approfondie de la situation en Europe centrale et orientale.

Je retiens de ces publications une confirmation que la politique d'intégration et d'investissement que je mène depuis quatre ans est la bonne.

J'en tire aussi des enseignements pour proposer de nouveaux objectifs et de nouvelles orientations que je souhaite partager aujourd'hui avec vous, même si c'est à titre personnel et pas, à ce stade, au nom de la Commission.

Voici ces enseignements en cinq points

    Premier point: le bien fondé de la stratégie de Lisbonne est à nouveau confirmé, et sa mise en œuvre doit être accélérée.
En effet, la transition vers l'économie de la connaissance est trop lente. L'Union Européenne a même subi avec la crise de 2000-2001 un ralentissement significatif dans sa transition vers une économie de la connaissance. Les indicateurs synthétiques de la Commission montrent une diminution nette de la croissance des investissements dans la connaissance dans toute l'Europe en 2001.

Par ailleurs, les futurs pays membres et les pays candidats ont un niveau d'investissements et de performances inférieur à celui de la plupart des États Membres de l'UE-15, mais ils sont bien lancés dans un processus de rattrapage avec des taux de croissance de l'investissement nettement plus élevés que la moyenne européenne.

    Second point: les investissements en Recherche et Développement doivent progresser beaucoup plus vite pour atteindre l'objectif de Barcelone, et il faut en tirer les conséquences dans le budget européen.
Le fossé entre l'Union européenne et les États-Unis en matière de dépenses totales de recherche s'est encore creusé en 2001, prolongeant donc la tendance constatée depuis le milieu des années 1990. En 2001, l'Union des Quinze ne consacre encore ainsi que 2,0% de ses ressources à la recherche (1,9% pour la future Union à 25), contre 2,8% pour les États-Unis et 3,1% pour le Japon. Deux pour cent en Europe, c'est un léger progrès par rapport aux années précédentes, mais grâce au ralentissement de la croissance du PIB plus que grâce à un décollage des investissements dans la recherche.

Pour atteindre l'objectif de Barcelone de mars 2002, c'est à dire augmenter les dépenses de recherche jusqu'à 3% du produit intérieur brut moyen européen d'ici 2010, et pour supprimer l'écart entre les Etats-Unis et l'Union Européenne, il faut une croissance annuelle des investissements de 8% par an au minimum. Bien sûr, cela ne se fera pas tout seul, comme les chiffres que nous voyons ici nous le confirment.

J'en tire un enseignement principal, c'est que l'Union doit montrer la voie. Dans les nouvelles perspectives financières, pour lesquelles comme vous savez la Commission va présenter une première proposition dans les prochains mois, la recherche doit être LA priorité numéro un. Si on ne retenait qu'une chose du rapport Sapir, d'ailleurs, ce serait celle-là. Mon collègue Michel Barnier écrivait récemment que le budget du prochain programme-cadre doit doubler par rapport au programme actuel. Je l'approuve, bien sûr, et j'ajoute: c'est un minimum.

    Troisième point: l'Europe de la Recherche est en train de perdre la bataille des investissements internationaux.  Il faut donc passer à l'offensive en transformant radicalement l'environnement de la recherche.
En particulier, l'Europe attire une moindre part des investissements Américains qu'au début des années 1990. L'Union représentait en 1991 80% des dépenses totales de R&D effectuées par des entreprises Américaines à l'étranger; aujourd'hui cette part est tombée à 70%. Cette évolution trahit un déclin de la capacité de l'Europe à attirer des investissements à haute intensité de connaissances.

Inversement, les entreprises européennes investissent 30% plus dans la R&D aux Etats-Unis que les entreprises Américaines n'investissent dans la R&D en Europe. Le même déséquilibre se retrouve vis à vis du Japon, et d'autres pays d'Asie, même si les montants en jeu restent à l'heure actuelle beaucoup plus faibles. Au total, cela représente pour 2001 seulement une perte nette de 5 milliards d'euros au profit des Etats-Unis et du Japon.

L'offensive, la Commission l'a lancée en avril cette année avec son 'Plan d'action 3%'. Il est en cours de mise en oeuvre en coopération avec les Etats-membres et toutes les organisations qui ont un rôle à jouer en matière de recherche et d'innovation.

Pour ne citer qu'un exemple, nous travaillons avec déjà un certain succès à changer l'approche des institutions financières par rapport au financement de la recherche, en leur montrant comment ce qu'elles considéraient comme un risque mal maîtrisé peut être abordé comme une source d'opportunités.

C'est un travail que nous avons entrepris avec succès avec la BEI, nous le continuons maintenant avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) de Londres, et avec les institutions financières privées.

De plus, le plan d'action s'est trouvé renforcé tout récemment par le lancement de l'Initiative pour la croissance' qui comprend une série de projets concrets d'investissements de recherche, qui vont être mis en œuvre notamment avec le concours de la BEI.

Cette initiative sera discutée demain au Conseil des ministres: je saisirai cette occasion pour rappeler aux gouvernements des Etats membres l'importance de ces réformes et de ces projets pour l'avenir scientifique et technologique de l'Europe.

    Quatrième point: la 'fuite des cerveaux' est une réalité que nous devons renverser en musclant nos politiques, mais aussi nos objectifs.
L'Europe souffre toujours du départ d'un nombre non négligeable de ses meilleurs cerveaux vers les Etats-Unis. C'est particulièrement préoccupant dans les futurs pays membres et les pays candidats, mais le phénomène n'épargne pas les Quinze. Je laisserai aux auteurs de l'étude sur la fuite des cerveaux le soin de développer ces points.

L'enseignement que j'en tire est qu'il faut agir simultanément sur les trois raisons principales qui poussent les chercheurs et scientifiques à s'établir hors d'Europe à savoir: 1) de meilleures conditions de travail; 2) de meilleures possibilités de carrière et 3) un meilleur accès aux technologies de pointe. La Commission a adopté un plan d'action dans ces domaines, avec par exemple le Portail européen pour la mobilité des chercheurs, un futur réseau de 400 " centres de mobilité ", et un projet de directive sur les " visas scientifiques ", sur lequel je ne reviens pas.

Mais je crois qu'il faut aussi mobiliser davantage tous les acteurs, notamment les gouvernements, autour d'un objectif commun. Ma proposition est que l'Union décide d'un objectif concret pour le recrutement des chercheurs, qui est d'atteindre 8 chercheurs pour 1000 actifs d'ici 2010 au lieu de 5 pour 1000 actuellement. Cet objectif sera le pendant humain de l'objectif de 3% pour les investissements de recherche.

    Cinquième et dernier point: les performances technologiques mais aussi scientifiques de l'Europe sont en baisse, ce qui m'amène à poser la question de la relance de la recherche fondamentale au niveau européen.
Le constat n'est pas nouveau pour les performances technologiques. Ainsi, les Européens déposent nettement moins de brevets que les Etats-Unis dans les technologies de pointe comme les technologies de l'information et de la communication (TIC) et les biotechnologies

Et les Européens génèrent toujours nettement moins de brevets 'à haute valeur commerciale' (brevets triadiques) que les États-Unis.

Ce qui est plus nouveau, est que la position de leader mondial détenue par L'Europe dans la production scientifique semble désormais s'éroder: l'année 2002 a ainsi vu le nombre total de publications européennes diminuer sensiblement, ainsi que leur part dans le total mondial. Ceci est une conséquence logique d'années de sous-investissement, qui maintenant commence à affecter nos performances en matière de recherche fondamentale.

C'est un signal inquiétant qui montre que nous ne pouvons plus nous permettre de nous complaire dans le système actuel, où la recherche fondamentale est de plus en plus la victime des difficultés budgétaires des Etats membres, et n'a que peu accès aux financements européens, qui restent principalement tournés vers la recherche appliquée.

Je suis convaincu qu'il faut maintenant apporter une réponse européenne, et plus précisément une réponse communautaire, au problème de la recherche fondamentale en Europe. Je proposerai très prochainement à la Commission d'adopter une communication sur ce thème. Pour moi, le renouveau de la recherche fondamentale européenne est LE grand défi auquel la politique de recherche communautaire doit apporter une réponse forte dans l'année qui vient.

DN: SPEECH/03/572 Date: 25/11/2003

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