Philippe Busquin: Construction et Recherche, Conférence organisée par ECCREDI Bruxelles, le 2 octobre 2002

十月 3, 2002

Bruxelles, le 2 octobre 2002

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Tout d'abord, permettez-moi de vous dire combien je salue cette initiative de vous réunir, pendant deux jours, à Bruxelles, pour identifier ensemble les priorités en matière de recherche dans votre secteur.

J'interprète cette initiative comme un signe positif et constructif à mon objectif politique de créer un Espace Européen de la Recherche.

Mais l'Espace Européen de la Recherche n'est pas encore une réalité. Bien que l'idée détermine et oriente déjà fortement le comportement des acteurs et des opérateurs de la recherche en Europe, et ceci est de première importance, nous avons encore du chemin à parcourir.

Si je devais en effet résumer d'une phrase le sens du projet d'Espace Européen de la Recherche, je dirais: la construction de l'Europe de la recherche, ce n'est pas seulement l'affaire de l'Union européenne et de la Commission.

Mais c'est aussi celle de l'industrie, des entreprises, des instituts de recherche, des associations, comme la vôtre, qui ont compris qu'on doit davantage se concentrer sur la recherche pour être compétitif et répondre aux besoins de notre société et de l'économie durable.

Je commencerai par un premier constat: la recherche et l'innovation dans le domaine de la construction sont nécessaires !

Les actions de recherche doivent permettre de faire évoluer vos produits vers une plus grande valeur ajoutée, en réponse aux besoins de notre société.

La modernisation: la compétitivité du secteur est encore trop basée sur l'utilisation des ressources et non sur la connaissance et encore trop basée sur la production et pas assez sur les services.

La recherche est fondamentale pour la génération des connaissances nécessaires au développement des hommes et des entreprises. Si l'Europe veut vraiment devenir, comme elle s'en est fixé l'objectif à Lisbonne, « l'économie de la connaissance la plus compétitive et dynamique du monde», elle doit aussi augmenter ses moyens financiers. Car on ne peut pas assez le répéter: l'écart des efforts en investissements recherche entre l'Europe, les Etats-Unis et le Japon, interpelle. L'Europe affecte aujourd'hui 1,9% seulement de son PIB à la recherche, quand les efforts de ses concurrents ne cessent d'augmenter: 2,7% du PIB pour les Etats-Unis aujourd'hui et 3% pour le Japon.

C'est pourquoi, je salue l'engagement pris par les Chefs d'Etat au Conseil européen de Barcelone de porter l'effort de recherche aussi près que possible de 3% de leur PIB d'ici 2010.

Cet effort à réaliser, c'est surtout un message aux entreprises ! Je sais que l'on reproche souvent à ce secteur un taux très bas en termes d'investissements en recherche. Or, je n'ignore pas que les marges de bénéfice ne sont pas très élevées (de 1 à 3%).

C'est pourquoi, il faut travailler ensemble, réunir nos forces, qui sont encore trop dispersées en Europe ... L'initiative de l'Espace Européen de la Recherche va dans ce sens ...

L'Espace Européen de la Recherche, un rappel

Un peu comme « l'économie sociale de marché », en économie, l'Espace Européen de la Recherche est, dans son domaine, le produit de deux composantes.

L'Espace Européen de la Recherche, c'est en effet:

  • un marché intérieur de la recherche et de la technologie, où les connaissances, les chercheurs et les technologies circulent librement par-delà les frontières; et

  • le produit et le cadre d'une réelle coordination des politiques nationales de recherche.
Depuis qu'il a été lancé au Conseil européen de Lisbonne en mars 2000, le projet d'Espace Européen de la Recherche a donné lieu à deux développements importants:
  • tout d'abord, l'ouverture de plusieurs « grands chantiers »: mobilité des chercheurs, infrastructures, étalonnage des politiques nationales et régionales;

  • deuxièmement, une restructuration en profondeur du Programme-Cadre, défini comme un outil à la réalisation de l'Espace Européen de la Recherche.
Le 6ème Programme-Cadre: il peut démarrer...

Pour commencer, je mentionnerai le démarrage effectif du sixième Programme-Cadre avec l'adoption, par le Conseil des Ministres le 30 septembre dernier, des « programmes spécifiques ».

Votre secteur a bien participé à la récente campagne d'EoI ...: le secteur en a soumis environ 150.

Dans le cadre de la priorité « Nanotechnologies, Matériaux, Production », mes services ont identifié 40 propositions qui semblent « mûres » et qui touchent à la gestion du patrimoine, les bâtiments, les routes, les méthodes de conception et d'organisation.

D'autres thèmes de recherche convergent également vers les intérêts de la construction, notamment:

  • les «technologies pour la société de l'information»;

  • le «développement durable, changement planétaire et écosystèmes».
Cependant, je note que le nombre élevé de propositions nous impose de coordonner et concentrer davantage les efforts.

La Commission est consciente des efforts de préparation nécessaires pour les nouveaux types d'action proposés, mais je rappelle que les défis devant nous nécessitent cette intensification des efforts et la mobilisation de toutes les parties.

Si vous regardez dans les programmes nationaux, vous verrez plus au moins les mêmes problèmes. Les nouveaux instruments du 6ème P/C, projets intégrés et réseaux d'excellence, vont permettre une optimisation de tous ces efforts.

Une politique de recherche, à mon sens, ce n'est pas uniquement proposer de nouvelles technologies, une course en avant, somme toute ... c'est surtout générer une vision globale et à long terme.

Les réseaux d'excellence permettront de mettre ensemble les chercheurs et les ressources de différents centres de recherche autour de sujets ambitieux; comme les nanotechnologies ou la réduction de la consommation d'énergie. Ces réseaux, par leur exceptionnelle qualité scientifique, permettront de fédérer les meilleurs chercheurs européens et d'attirer les chercheurs du reste du monde.

Dans les projets intégrés, comme dans le cas des travaux publics, plusieurs sources de financement, plusieurs acteurs, combineront leurs efforts sous une gestion unique pour livrer un résultat de haute qualité, dans un temps bien défini.

Ces nouveaux types d'action permettront à la recherche de combiner ses efforts avec les autres composantes de l'innovation, comme l'éducation, la normalisation, mais aussi de renforcer les liens entre science et société ... Dans ce contexte, les architectes, acteurs clés dans le secteur de la construction, jouent un rôle important.

Je veux ici rappeler que le Programme-Cadre sera ouvert au reste du monde, selon des règles appropriées bien sûr.

Les participants des pays candidats y prendront part au même titre que ceux des Etats membres de l'Union. Je tiens à noter qu'avec la signature du 6ème Programme-Cadre à la fin de ce mois, ce sera le premier domaine, au niveau de l'Union européenne, auquel les pays candidats participeront à part entière.

Je n'oublie pas la recherche spécifique pour les PME ... Vous n'êtes pas sans savoir que le 6ème PCRD investira au moins 15% de ses fonds sur des actions en faveur des PME.

D'autre part, au schéma classique CRAFT se rajoute le schéma de la recherche collective pour aider un large groupe de PME d'un secteur donné. Certaines priorités, notamment la priorité dédiée aux nanotechnologies, aux matériaux nouveaux et aux nouveaux procédés de production, lanceront également un schéma dédié aux PME high-tech ...

Toutes ces actions convergent, il me semble, vers les intérêts du secteur de la construction.

Le secteur de la construction

Les autres orateurs ont déjà souligné l'importance du secteur pour la vie économique. Je rappelle l'adage: «quand le bâtiment va, tout va»...

En prenant le risque de répéter des choses déjà dites, je retiens que votre secteur joue un rôle majeur pour l'avenir de la construction européenne:

Tout d'abord, avec 10% du PNB , ce secteur est indispensable à l'économie et la délocalisation de ses systèmes de production est pratiquement impossible. Avec un chiffre d'affaires de près de 1000 milliards €, l'industrie européenne représente 30% et est leader dans le marché mondial.

Deuxièmement, la construction a besoin de recherche. Recherche pour les grands projets bien sûr, qu'il s'agisse de nouveaux ponts, de nouveaux tunnels, mais aussi recherche pour aider à la modernisation des petites entreprises qui sont nombreuses dans ce secteur (97% des entreprises).

Troisièmement, ce secteur est très réglementé. Il est clair que cette réglementation et les impacts « sociaux » du secteur créent des contraintes qui doivent être prises en compte dans le progrès technique.

J'entends que vous êtes dans une phase avancée de préparation de nombreuses actions et que cela sera le sujet de discussion lors de votre conférence de demain. Je vous engage à travailler sur des priorités claires.

Un défi particulier: celui du développement durable

Je note qu'une publication récente de l'Agence pour l'Environnement des Nations Unies identifie le succès de votre secteur dans le domaine du développement durable. Il a un très bon profil en termes de protection - voire d'amélioration - de l'environnement.

Cependant, d'énormes efforts restent à faire: il faut continuer à réduire la consommation des ressources, tant dans les bâtiments que lors de leur construction. Ainsi, saviez-vous que l'industrie du ciment est, à elle seule, responsable aujourd'hui de 5% du total des émissions de CO2 (cf. Scoribel)...

Autre exemple: si on arrive à réduire la consommation énergétique des bâtiments de 30% (ce qui est aisément réalisable), on atteint l'objectif Kyoto de réduction des émissions de CO2 à 8% ...

Il faut poursuivre ces efforts dans le futur et chercher à améliorer la performance du secteur tout entier, en suivant l'exemple des « meilleurs de classe ».

    La recherche Européenne...
A la fin des années 90, une action européenne de mise en réseau a été lancée pour la coordination d'une centaine de projets. Gérée par ECCREDI, cette action se poursuit aujourd'hui sous le nom E-CORE. Cette action, financée par la Commission, s'est ouverte petit à petit à toutes les recherches nationales ou privées (sur base volontaire).

Une simple visite aux bases d'information de ce réseau montre non seulement le volume de travail réalisé, mais aussi la concentration des actions de recherche sur les problématiques actuelles de notre société: nouveaux matériaux, réduction de l'utilisation des ressources, élimination des déchets, réduction des risques, sécurité, etc...

J'y ai noté en particulier le problème d'amélioration de la sécurité des tunnels. Un énorme effort (financement communautaire d'environ 10 M€) permet aujourd'hui l'étude conjointe de la structure des tunnels, de la gestion du trafic, et de leur amélioration en termes de sécurité incendie.

Voilà encore un exemple d'une action positive, à la fois en réponse aux besoins des citoyens et en ligne avec l'Espace Européen de la Recherche.

Mesdames et Messieurs, je terminerai sur un constat et un appel:

Le secteur de la construction fournit la base matérielle et humaine pour que tous, nous puissions vivre en harmonie. Mais ce secteur a aussi un énorme potentiel de modernisation. Il se doit, alors, pour répondre à cette spécificité, d'accentuer ses efforts de recherche et de mobiliser toutes les parties !

Je vous assure que mes services seront là pour aider ceux qui prendront l'initiative de nouvelles actions ambitieuses et porteuses d'avenir...

DN: SPEECH/02/446 Date: 02/10/2002

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