Philippe Busquin: Perception publique de la science et de la technologie dans les pays candidats Conférence de presse à l'occasion de la présentation de l'Eurobaromètre "Science et Technologie dans le

April 4, 2003

Bruxelles, le 3 avril 2003

Je vais vous présenter quelques résultats du sondage Eurobaromètre réalisé en novembre de l'année passée sur l'initiative de la DG Recherche et qui donne, pour la première fois dans les pays candidats, une photographie de l'opinion publique sur la science et la technologie en général et sur certaines questions d'actualité en particulier.

Au total, 12.247 personnes de 15 ans et plus ont été interrogées en novembre 2002, soit, en moyenne, quelque 1.000 personnes par pays candidat (1) . Veuillez noter que les 13 pays couverts par cette enquête ont tous plein accès au sixième programme-cadre 2002-2006 et sont traités à pied d'égalité avec les Etats membres. La politique de recherche fut la première politique de l'Union à être totalement ouverte aux pays candidats.

On observe de nombreuses similitudes entre les résultats obtenus dans les EM (EM) et les PC (PC) mais également, sur certains points, des différences marquantes.

Intérêt et information

L'une de ces différences réside dans l'intérêt, significativement moindre, des habitants des PC pour la science et la technologie (35% se disent intéressés, contre 45% dans les EM). Bien sûr, il y a de fortes différences d'un pays à l'autre (intérêt fort - plus de 50% - à Chypre et Malte, en Hongrie et Slovénie; faible en Bulgarie (34%) et en Turquie (22%)).

L'intérêt est plus marqué chez les jeunes de 15-24 ans (44%), contredisant une affirmation souvent lue et entendue. Les femmes ont en moyenne un intérêt moindre (29%).

Comme dans les EM, il y a un problème de sous-information scientifique. Deux tiers des Européens (EM et PC) s'estiment mal informés sur la science et la technologie. Ces données sont préoccupantes à une époque où la science et la technologie influencent aussi directement et intensément nos sociétés et nos vies.

Les résultats montrent que nos sociétés sont pratiquement coupées en deux: ainsi 56% des habitants des PC se déclarent ni intéressés ni informés au sujet de la science et de la technologie (EU15: 45%).

Les médias

 Dans les PC, les habitants privilégient les médias dits " passifs " - télévision et radio comme source d'information scientifique.

 Dans les PC, les habitants sont plus positifs au sujet des médias que dans les EM: seulement 29% pensent que la science et la technologie sont présentés trop négativement, alors que cette proportion est de 36,5% dans les EM.

Par contre les citoyens sont plus critiques envers les journalistes: 70% pensent qu'ils n'ont pas la formation appropriée pour traiter des sujets scientifiques et techniques (53,3% dans les EM).

Qu'est-ce que la science?

Lorsqu'il s'agit de déterminer si une discipline est scientifique, les habitants des PC ont une vision plus modérée que dans les EM, même si les résultats diffèrent assez peu. La médecine est vue comme le modèle scientifique n°1. L'astrologie est vue comme une science par plus de la moitié des Européens et est considérée comme plus scientifique que l'économie et l'histoire.

13 questions avaient pour but de cerner la connaissance et la culture scientifique des citoyens. Les résultats diffèrent peu de ceux des EM. Sauf pour deux questions: celle relative aux antibiotiques (" Pensez-vous que les antibiotiques tuent les virus et les bactéries? ") et celle relative aux dinosaures (" Pensez-vous que les premiers êtres humains vivaient en même temps que les dinosaures? "). Dans le premier cas, la différence peut s'expliquer par le fait que, dans plusieurs EM, les médecins généralistes ont conduit des actions de sensibilisation du public sur l'action inefficace des antibiotiques contre les virus. Dans le second cas, l'effet " Jurassic Park " semble plus prononcé dans les EM…

 En moyenne et telle que mesurée par cette étude, la culture scientifique est un peu moins développée dans les PC que dans les EM. Celle-ci est particulièrement faible en Turquie, en Roumanie et à Malte; elle est par contre plus développée que dans les EM en Tchéquie, Slovénie, Hongrie et Estonie.

La science et la technologie, valeurs positives

Un important résultat de cette enquête est que la science est une valeur très positive dans les PC.

Les personnes ont une vision " scientiste " du progrès, de la science et de la technologie. Ainsi, plus de la moitié du public estime que " la science et la technologie peuvent résoudre tous les problèmes ", contre 15% dans les EM.

Les citoyens, dans les PC plus que dans les EM, attendent donc beaucoup du progrès scientifique.

En ce qui concerne la recherche, les habitants des PC acceptent plus facilement les expériences sur les animaux, pour autant que cela puisse améliorer la santé humaine (63% contre 45% dans les EM).

Ils sont également plus positifs au sujet des produits de la technologie (vus par plus de 50% des citoyens des EM comme des " gadgets ", contre 30% dans les PC).

De façon générale, comme indiqué sur ce graphique, les citoyens des PC sont plus optimistes à l'égard de la science que dans les EM.

Les scientifiques vus par la société

Les scientifiques possèdent une image très forte dans la société. Mais cette image est ambiguë du fait que les chercheurs possèdent la connaissance, ce qui leur donne un pouvoir considérable. Dans l'imagerie populaire d'ailleurs, le scientifique est aussi bien Pasteur que le créateur de Frankenstein…

Comme vous le montre ce graphique, l'opinion publique valorise fortement les scientifiques puisqu'il s'agit de la deuxième profession la plus prestigieuse, après les médecins (qui, relativement parlant, reçoivent moins de considération dans les PC que les EM).

Vous voyez cependant que les Européens ont une opinion un peu ambiguë des scientifiques et à ce sujet les attitudes se rejoignent dans les PC et les EM: 45% environ pensent que " les scientifiques sont responsables des usages néfastes que d'autres font de leurs découvertes " et près de 80% souhaitent que "Les autorités obligent formellement les scientifiques à respecter des normes éthiques".

Enfin, une majorité d'Européens estime que, " en raison de leurs connaissances, les scientifiques ont un pouvoir qui les rend dangereux ", même si ce sentiment de crainte est moins prononcé dans les PC que dans les EM.

La crise de la science chez les jeunes

Le déclin de l'intérêt de la jeunesse pour la science, ou plus exactement pour les études et les carrières scientifiques, est attribué, dans les PC, principalement au manque de perspectives de carrière et aux conditions de salaires peu attractives. Dans les EM, ce déclin est attribué principalement au fait que les cours de sciences ne sont pas assez intéressants.

Ces tendances sont inquiétantes. Pour atteindre des investissements en recherche de l'ordre du 3% du PIB, comme convenu au Sommet de Barcelone l'année passée, l'Union devra mobiliser 500.000 chercheurs supplémentaires d'ici 2010. Il y a donc une certaine urgence, pour l'Union élargie, à motiver les jeunes et les attirer dans les carrières de la recherche, afin de préparer l'avenir et maintenir une position compétitive forte dans ce secteur.

Un fort soutien à la recherche européenne

Le sondage révèle un fort soutien à la recherche européenne, en particulier à la nécessité de mieux coordonner les recherches, et donc aux thèmes de l'Espace européen de la recherche.

En effet, les trois mesures susceptibles, d'après les personnes interrogées, d'améliorer le niveau de la recherche européenne concernent non le niveau de l'investissement scientifique mais l'organisation de la recherche: améliorer la coopération entre chercheurs européens (79%), entre recherche publique et industrie (77%) et coordonner les recherches (70%).

L'élargissement est perçu comme un élément stimulant du potentiel scientifique tant des PC que des EM actuels.

Enfin, comme indiqué par le graphique, les citoyens des PC semblent avoir une meilleure appréciation des activités de l'Union européenne que ceux des EM. En réalité, il faut y voir, en partie au moins, une certaine dose d'optimisme puisque nombreux sont ceux qui pensent que la politique étrangère est une responsabilité de l'Union.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.
(1) S auf pour Malte et Chypre (500 personnes chaque).

DN: SPEECH/03/179 Date: 03/04/2003

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