Philippe Busquin: Pour la création d'un espace européen de la recherche sur le cerveau Conférence "Brain Research in Europe: Structuring European Neuroscience" Centre Borschette - Bruxelles, le 18 sep

九月 19, 2003

Centre Borschette - Bruxelles, le 18 septembre 2003

Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames, Messieurs,

D'abord et avant tout, bienvenue à tous, et merci d'être venu à Bruxelles aujourd'hui pour cette journée de réflexion et de débat.

C'est avec une satisfaction toute particulière que j'ouvre cette conférence sur le thème de la recherche en neurosciences en Europe.

Pour quelles raisons le Professeur Nistico et moi-même avons-nous souhaité que soit organisée cette manifestation?

Quel est son sens, et qu'en attend plus particulièrement la Commission?

En guise d'introduction à vos discussions, je voudrais essayer de répondre à ces questions.

Je le ferai sous la forme de l'énoncé d'une thèse, qu'on peut formuler de la manière suivante: pour conquérir la "nouvelle frontière" qu'est le cerveau humain, nous devons faire disparaître un certain nombre de frontières.

Le cerveau, dit-on en effet souvent, est notre "nouvelle frontière". On le dit dans le sens que ce mot a aujourd'hui acquis d'après l'usage américain, celui de "La frontière".

C'est le sens dans lequel il est par exemple employé dans le titre du célèbre rapport de 1945 du conseiller du Président Roosevelt Vannevar Bush, "Science: The Endless Frontier" : celui d'un territoire à conquérir.

Mais pour accéder pleinement à ce territoire, l'explorer et le maîtriser, nous devons, et tout particulièrement en Europe, surmonter et faire voler en éclat une série de frontières au sens traditionnel du mot: des limites, des barrières, des lignes de séparation.

Permettez-moi de commenter successivement en quelques mots ces deux points.

Ensuite, j'essaierai d'indiquer ce que ceci implique en termes pratiques, la manière dont il faudrait procéder, le chemin qu'il conviendrait d'emprunter à cette fin.

Le cerveau, "nouvelle frontière" du savoir

De beaucoup de réalités, le génome humain, par exemple, on a dit, et on répète volontiers, qu'elles sont les "nouvelles frontières du savoir".

Peu d'objets méritent en vérité autant cette qualification que le cerveau.

Les promesses et les enjeux de la recherche sur le cerveau et des neurosciences, vous les connaissez bien mieux que moi encore. Et les orateurs d'aujourd'hui auront l'occasion de les rappeler.

Les progrès réalisés au cours des dernières années dans notre compréhension du fonctionnement cérébral, mais aussi les multiples questions encore sans réponse auxquelles nous ont conduit les récentes découvertes, et l'immensité de ce qu'il nous reste à apprendre de ce qu'on a justement appelé l'objet le plus complexe de l'univers.

Le poids économique croissant des maladies neurologiques dégénératives du fait du vieillissement de la population européenne, leur énorme impact social et la souffrance qu'elles occasionnent.

Tout cela vous est familier et je ne l'évoquerai pas davantage.

En revanche, un point très positif que je tiens à souligner est la solidité des capacités, la qualité des réalisations et la force de la tradition de la recherche européenne en matière de neurosciences.

Dans ce domaine comme bien d'autres secteurs des sciences et des technologies du vivant, l'Europe peut s'appuyer sur un tissu de laboratoires de premier plan mondial, et mettre à son crédit de nombreux résultats.

Quelles frontières doit-elle faire tomber pour exploiter pleinement ce potentiel?

Abattre les frontières

Certaines sont intrinsèquement liées au domaine lui-même, d'autres tiennent à la situation de la recherche européenne dans ce domaine, et la manière dont elle est organisée.

A ce titre on citera en effet:

  • Les frontières entre les nombreuses disciplines différentes qui forment cet ensemble complexe des neurosciences, disciplines aux méthodes, aux approches et au langage distinct, dont il faut trouver le moyen de combiner au mieux les apports;

  • Les frontières entre le bloc des neurosciences lui-même et les autres champs de recherche qui lui sont proches et liés;

  • Les frontières entre la recherche fondamentale et la recherche clinique, deux composantes également importantes du domaine;

  • Les frontières entre les institutions, entre la recherche publique et la recherche privée, entre les universités, les organisations de recherche et les entreprises;

  • Et les frontières nationales, bien sûr, qui sont loin d'avoir disparu, même en science, et privent encore aujourd'hui l'Europe des moyens d'exploiter pleinement son potentiel.
La réponse de l'Union européenne

Ces frontières nationales, mais aussi, dans le même mouvement, les autres, l'Union européenne est de longue date engagée dans un effort pour les lever.

C'est notamment le cas dans le domaine de la recherche en neurosciences, financièrement soutenue, et à un niveau de plus en plus important, dans plusieurs Programmes-Cadres de recherche de l'Union successifs.

Une étape supplémentaire peut et doit être franchie à présent, et les conditions sont réunies pour cela.

Je suis toujours frappé par un paradoxe de la recherche européenne: autant les scientifiques se connaissent à titre individuel au niveau européen, voire mondial, autant peu connaissent ceux qui financent la recherche dans les Etats membres.

Lancé dans l'objectif de décloisonner les systèmes nationaux de recherche, le projet d'Espace européen de la recherche offre un cadre politique et opérationnel pour une meilleure coordination des activités et des politiques nationales de recherche.

Spécifiquement conçu comme un instrument de réalisation de ce projet, le sixième Programme-Cadre fournit des instruments puissants à cette fin: les réseaux d'excellence et les projets intégrés; les actions ERA-NET de coordination des activités nationales, etc.

Comme vous le savez, les neurosciences y occupent une place substantielle, avec un accent particulier sur les approches génomiques.

Les possibilités ainsi fournies ont bien été saisies par la communauté scientifique européenne en neurosciences, dont la réponse aux appels à manifestation d'intérêt et aux propositions de recherche a été massive et de haute qualité.

Que faire pour accomplir un pas de plus et consolider l'avenir des neurosciences en Europe?

D'abord et avant tout, ne négligeons pas cet aspect, leur donner des moyens.

En neurosciences comme dans la plupart des autres domaines de recherche, l'effort européen demeure en effet inférieur à ce qu'il est aux Etats-Unis.

En complément du projet d'Espace européen de la recherche, l'Union s'est fixé pour objectif d'augmenter d'ici 2010 son effort global de recherche jusqu'à 3% du PIB de l'Union.

Un plan d'action est mis en œuvre en ce sens, qui prévoit une série de mesures pour stimuler l'investissement privé, mais aussi public, en recherche.

Un des domaines appelés à bénéficier de cet effort accru devrait être la recherche fondamentale.

C'est notamment le cas au niveau européen. Des voix nombreuses s'élèvent aujourd'hui en faveur d'un renforcement du financement de ce type de recherche par l'Union, et de la création d'un fonds spécifique dans ce domaine.

Je ne puis qu'abonder en ce sens, en soulignant le bien fondé l'idée clé au centre de telles propositions.

Jusqu'ici, pour renforcer l'excellence de la recherche en Europe, l'Union a exploité un aspect de la valeur ajoutée d'actions au niveau européen: la coopération et la mise en réseau.

Il s'agit à présent de mettre à profit une autre dimension, si j'ose dire, de la dimension européenne: le renforcement de l'excellence par une compétition pour les financements au niveau européen, exactement comme les équipes universitaires le sont aux Etats-Unis pour les financements de la NSF ou des NIH.

Reste aussi, bien sûr, la suppression de ces multiples frontières dont je parlais.

Je ferai ici deux remarques.

Soit, tout d'abord, la question de l'organisation de la recherche en neurosciences en Europe.

Dans un souci d'efficacité, le champ institutionnel de la recherche dans ce domaine en Europe devrait être aménagé, d'une manière permettant de renforcer le dialogue entre les différents groupes concernés, ainsi qu'entre l'ensemble de la communauté scientifique et la société et le monde politique.

La création d'organisations et de fédérations comme la FENS et le European Brain Council constitue un pas significatif dans cette direction.

Ce renforcement du dialogue devrait contribuer à la mise en cohérence des efforts à l'échelle européenne. C'est mon second point.

Dans un certain nombre de domaines des neurosciences, il existe des besoins qui doivent être rencontrés au niveau européen.

J'en donne quelques exemples:

  • Les infrastructures de recherche, comme les systèmes d'imagerie ou les banques et bases de données, dont il est plus rentable et nécessaire de pouvoir partager l'utilisation à l'échelle européenne;

  • L'épidémiologie, un domaine où la dimension européenne s'impose par excellence, et qu'il convient d'aborder naturellement à ce niveau;

  • Et la formation, les possibilités qu'offre l'échelle européenne sur ce plan étant nombreuses et trop peu exploitées encore.
J'espère que la conférence d'aujourd'hui contribuera à définir la forme concrète que devraient prendre les initiatives lancées dans ces domaines, ou d'autres, pour renforcer la cohérence, l'efficacité et l'impact des efforts européens en neurosciences.

Par européen, j'entends les efforts des pays membres, des régions ainsi que de l'Union européenne, mais aussi du secteur privé, par l'intermédiaire, par exemple, de fondations.

Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite des débats passionnants et fructueux.

Cette conférence pourra être dite un succès si elle réussit à identifier des pistes concrètes et opérationnelles pour réaliser un espace européen de la recherche sur le cerveau et dans les neurosciences.

DN: SPEECH/03/420 Date: 18/09/2003

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